No-no-yuri et Suzuran de Aki Shimazaki
J'ai commencé cette série par le titre Sémi, où l'auteur nous parlent d'un couple de personnes agées qui vivent dans une maison de retraite et dont la femme perd la mémoire au point de ne plus reconnaître son mari. Celui-ci va alors devoir la reconquérir.
Dans No-no-yuri (le premier édité) l'histoire est centrée sur la fille aînée de ce couple, une femme de 35 ans très belle, célibataire, croqueuse d'homme, secrétaire de direction dans un grand groupe à Tokyo et très attachée à son indépendance.
On la suit dans ses relations avec des hommes mariés, son travail qui lui permet de voyager, ses rapports éloignés avec ses parents et sa petite soeur et son évolution face à une situation imprévue.
Cette jeune femme assez froide n'est pas très agréable et je n'ai pas ressenti beaucoup d'empathie à son égard. Le plaisir de la lecture vient non pas de ce personnage mais de la douceur de l'écriture qui arrive à nous transmettre l'ambiguité de cette femme, ce grand écart entre tradition et modernité et surtout le poids de souvenirs de son enfance qui l'ont fait devenir ce qu'elle est aujourd'hui.
Dans Suzuran on suit la petite soeur qui vit plus près de ses parents. Divorcée avec un enfant, elle est céramiste et commence à être reconnue dans le métier. Beaucoup plus douce et calme, elle est à l'opposée de sa soeur. Un volume plus tourné vers l'art, où l'on retrouve les sujets de choix de vie et de dualité présents dans les autres volumes.
J'ai aimé retrouver cette famille, ces caractères si différents et complémentaires. J'ai aimé l'idée que l'on voit leurs vies de plusieurs points de vue, chaque roman s'imbriquant dans le précédent.
Des courts romans très agréables à lire pour ceux qui aiment l'univers japonais.
J'ai hâte de poursuivre avec Niré, qui se concentre sur le petit frère, assez absent des autres ouvrages.
Extraits :
No-no-yuri : "Tous mes amants étaient mariés, mais je n'ai jamais souhaité qu'ils divorcent pour moi. Au contraire, je les quittais dès qu'ils y faisaient allusion, comme O. Ce soir. Cela ne changera pas. Je cherche des hommes satisfaits de leur mariage."
Suzuran "La poterie est indispensable à ma vie. En pétrissant de l’argile avec mes mains puis en façonnant une pièce, j’oublie tout ce qui se passe autour de moi. Et, chaque fois, au moment de sortir mes oeuvres du kama, je suis à la fois très excitée et soulagée comme après un accouchement. Emue par les motifs créés au hasard par le feu de bois, je mûris déjà un nouveau projet."